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CONTEXTE HISTORIQUE
“A mon avis, vous ne pouvez pas dire que vous avez vu quelque chose à fond si vous n'en avez pas pris une photographie.” (Émile Zola).
Paris au XIXe siècle connaît une transformation complète, à la fois de son paysage et de sa structure urbaine. L’année 1859 est juste au milieu de la métamorphose. Le Paris médiéval a été brutalement et efficacement effacé. Les nouvelles avenues sont en cours de construction. La transformation du paysage urbain parisien répond à trois objectifs, d’ordre stratégique, politique et social : La Sécurité et le maintien de l'ordre ; en détruisant les ruelles propices à l’érection de barricades, le pouvoir a sans doute répondu à un souci de maintien de l’ordre qui peut sembler évident au lendemain des troubles politiques ayant suivi le coup d’État du 2 décembre. D’imposantes casernes sont érigées au carrefour d’avenues rectilignes comme la caserne des Célestins à proximité du boulevard Henri IV. Le souci du prestige, comme le montre parfaitement la célèbre avenue de l’Impératrice (Avenue Foch), avec ses 140 m de large, qui conduit les visiteurs étrangers jusqu’au bois de Boulogne, où parade le « tout-Paris » de la fête impériale. La peur du choléra, préoccupation d’inspiration saint-simonienne d’ordre démographique et sanitaire. Il s’agit avant tout de faire circuler les flux d’hommes, de marchandises, d’air et de lumière, en réduisant la misère urbaine. ”ll était impossible en présence du développement de la population […] de conserver le vieux Paris tel qu’il était”, reconnaît, en 1867, le ministre Rouher, un des principaux opposants à l’urbanisme haussmannien. Le Gray a perdu deux filles dans l’épidémie de 1849.
La croissance démographique a fait passer la capitale d’un million d’habitants vers 1835 à presque deux millions à la fin des années 1860. En 1860, Paris est administrativement agrandi et compte désormais vingt arrondissements, ses nouvelles limites intègrent d’anciens villages : Passy, Montmartre, Belleville, Charonne ou Vaugirard. Le paysage urbain lui-même se métamorphose, à la fois spontanément, à cause de la croissance démographique, et du fait d’une politique volontaire d’urbanisme : Notre-Dame, le Palais de justice et l’Hôtel de Ville sont dégagés du fouillis d’habitations qui les enserrait jusqu’alors, les masures sont rasées, la Préfecture de police est construite, l’Hôtel-Dieu est rebâti, des voies nouvelles sont créées, bordées de trottoirs, comme le boulevard de Sébastopol, artère type inaugurée en 1858 par l’Empereur, et qui fait partie de la grande croisée est-ouest / nord-sud, inspirée du cardo et du decumanus antiques. L’un des grands témoins de cette transformation est Émile Zola, arrivé à la capitale en 1858. Zola fait de ce nouveau Paris à la fois l’espace privilégié de certains de ses romans et un personnage à part entière. Le premier réseau — “la grande croisée de Paris” est réalisé de 1854 à 1858 à l’instigation de l’Empereur lui-même qui en donne l’impulsion, selon le témoignage d’Haussmann dans ses Mémoires.
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