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Pauline à Napoléon : « Ce cher enfant ! Je l'adorais ! »
7BONAPARTE (Pauline). Minute dictée à son chambellan et amant Auguste de Forbin, d'une lettre adressée À SON FRÈRE NAPOLÉON Ier. Florence, 23 septembre [1804]. 2 pp. in-4 avec ratures et corrections, une tache angulaire. 1 500/2 000 € POIGNANTE LETTRE SUR LE DEUIL DE SON FILS, ET SUR SON REFUS D'ASSISTER AU SACRE. Après avoir perdu son mari le général Leclerc, victime des fièvres à Saint-Domingue en novembre 1802, Pauline Bonaparte eut la douleur de porter le deuil de leur fils, également emporté par les fièvres le 14 août 1804. Tandis que, remariée avec le prince Camillo Borghese, elle se reposait en Toscane pour recouvrer la santé, le jeune enfant séjournait à Frascati avec sa gouvernante madame Du Cluzel. Dans cette ville au Sud de Rome, séjournaient alors également Lucien Bonaparte, dans sa villa Ruffinella, et le prince Francesco Borghese (frère de Camillo), dans sa villa Aldobrandini. L'idée d'envoyer Dermide à Frascati était venue du mari de Pauline, ce qu'elle lui reprocha toujours amèrement. Très affectée par ce nouveau deuil, et pleine de mépris pour Joséphine, Pauline songea un instant à ne point participer à la cérémonie du sacre et couronnement de Napoléon Ier, mais elle y figura néanmoins le 2 décembre 1804 parmi ses sœurs, portant à contrecœur la traîne de l'impératrice. « Sire, mon chère frère, depuis l'affreux malheur qui m'a accablée, je souffre tellement qu'il m'a étée impossible de vous écrire. C'est d'apprès les conseils de tout le monde, et ceux du prince [son époux Camillo Borghese], que je m'étais décidée à laisser mon fils à Frascati [biffé, « où l'air est très bon »]. On m'avait fait craindre le passage de la Romanie qui dans les chaleurs aurait pu lui être nuisible. Je le sentais entouré de ses petites cousines [les filles aînées de Lucien Bonaparte] qu'il chérissait, livré aux soins du prince mon beau-frère [Francesco Borghese] qui s'est fort bien conduit [biffé : « qui s'est conduit comme un ange »], de madame Ducluzel qui l'aimait et en avait les plus grandes attentions pour lui [biffé : « qui le gouvernait, qui l'aimait avec passion et qui a toujours eu pour lui la surveillance et les attentions de la mère la plus tendre »] ; j'étais donc sans inquiétude, mais d'apprès l'avis de tous les médecins (même de Corvisart [médecin personnel de Napoléon Ier]), il paraît que mon fils avait eu le sang desséché et appauvri par son séjour en Amérique et que comme moi il n'a pu se remettre depuis cette époque. CE CHER ENFANT ! JE L,ADORAIS ! ET C'EST DANS LE MOMENT OÙ JE M'OCCUPAIS LE PLUS DE SON BONHEUR ET DE SON ÉDUCATION QUE JE LE PERDS ! CE DERNIER COUP A ÉTÉ TROP VIOLANT. Malgré mon courage je ne trouve point de force pour le suporter ; ma santé s'altère visiblement, et mon mari en conçoit de si vives inquiétudes qu'il veut me conduire en France, espérant que le changement d'air et le plaisir de me rapprocher de vous contriburont à me remettre. Je ne me suis décidée que depuis quelques jours, nous partons dans quatre ou sinq et J'OSE ESPÉRER QUE MON CHER FRÈRE ME RECEVRA AVEC SA BONTÉ ORDINAIRE. Nous dessendons à Montgobert [château de Pauline dans l'Aisne] où je passerai quelques tems. Paris dans ce moment où tout va se réjouir n'est pas le séjour qui convienne à une âme aussi triste que la mienne. EN TOUTE AUTRE CIRCONSTANCE C'EÛT ÉTÉ UN VÉRITABLE BONHEUR POUR MOI D'ÊTRE TÉMOIN DE VOTRE COURONNEMENT, MAIS LE SORT ME POURSUIT D'UNE MANIÈRE SI CRUELLE QU'IL M'INTERDIT TOUTE ESPÈCE DE JOUISSANCE. QUE DE MAUX DEPUIS DEUX ANNÉES ! [biffé : « J'en suis anéantie »]. Je vous ai écrit plusieurs fois, mon cher frère, et j'ai été bien affligée que vous ne m'ayés rien fait dire, j'en accuse vos grandes occupations, car IL ME SERAIT TROP PÉNIBLE DE CRAINDRE QUE VOUS M'ÔTIÉS VOTRE AMITIÉ, ET QUE VOUS OUBLIÉS UNE SŒUR QUI VOUS A VOUÉE POUR TOUJOURS L ATTACHEMENT LE PLUS TENDRE, E