references
« Nous avons enfin rencontré les Russes... nous nous sommes donnés une peignée vigoureuse avec eux. Ils sont très braves... »
15LETTRES DE SOLDAT. – BAINE (Charles de Biarnois de). Correspondance de 26 lettres à son épouse Constance Rouyer (2 incomplètes). 26 avril 1805-18 novembre 1809. 800/1 000 € TRÈS BELLE CORRESPONDANCE d'un aide de camp du général Marie-François Rouyer (oncle de sa femme), portant les grades de capitaine puis de chef d'escadron. Les plus belles lettres sont expédiées lors des campagnes d'Autriche (1805), de Prusse (1806) et de Pologne (1807), alors que le général Rouyer servait dans la division du général Dupont de L'Étang, successivement sous les ordres des maréchaux Ney, Mortier, Soult puis Bernadotte. Engagé en 1792, Charles de Baine servit continûment jusqu'en 1815, ayant atteint le grade d'adjudant commandant en février 1814.
Campagne d’Austerlitz
– Albeck près d'Ulm, 18 vendémiaire an XIV [10 octobre 1805] : « ... Nous sommes à trois lieues de Ulm où l'ennemi est en force et que nous comptons attaquer demain matin. C'est hier seulement que nous les avons rencontrés et que nous les avons forcé de nous céder la place, les autres divisions de l'armée se sont aussy battues, et partout jusqu'à présent nous avons eut l'avantage, j'espère que cela continuera, le malheur c'est que depuis trois jours il fait une pluye affreuse et que nous sommes mouliés comme des canards... Nous couchons à présent sur la paille et nous avons difficilement des vivres, il faut espérer que cette pénurie ne continuera pas, ce serait fort malheureux... – Sur la rivière Brenz, près d'Ulm, 21 vendémiaire an XIV [13 octobre 1805] : « C'est avant-hier... que nous avons eut notre p[remi]ère affaire [BATAILLE DE HASLACH-JUNGINGEN], et pour commencer elle a été vigoureuse, NOUS N'ÉTIONS QUE 5000 HOMMES. NOUS NOUS SOMMES BATTUS CONTRE 36000 HOMMES ET NOUS SOMMES RESTÉS MAÎTRES DU CHAMP DE BATAILLE, nous avons fait 3000 prisonniers, pris un drapeau et 4 pièces de canon. La bataille a duré depuis midy jusqu'à 6 heures du soir, nous nous en sommes tiré sain et sauf mais nous l'avons échapé belle, car LE FEU A ÉTÉ TRÈS VIF, J' AI EUT LES RENNES DE MA BRIDE COUPÉS D'UN BOULET ET DEUX AUTRES QUI SONT TOMBÉS AUX PIEDS DE MON CHEVAL MAIS SANS ME FAIRE D’ AUTRE MAL QUE DE ME COUVRIR DE TERRE. Le gal- Rouyer n'a rien eut non plus ; d'officiers de ta connaissance nous n'avons perdu que M. Desclos, l'officier de Génie que tu as vu chez ta tante, il a été coupé en deux par un boulet... Nous nous reposons aujourd'huy, je présume que nous recommencerons demain. Notre plus grand désagrément est qu'il fait un tems affreux, une nège et une pluie continuelle, des chemins épouvantables et très froid. Nous ne pouvons sécher, aussy sommes-nous tous très enrhumés... » – Landshut, 8 brumaire an XIV [30 octobre 1805] : « ... Nous avons toujours un tems exécrable. Nous ne pouvons sécher. Nous avons totalement détruit l'armée autrichienne, et nous espérons travailler MM. les Russes sous deux jours... Tu sauras que nos succès ont été si étonnans que par arrêté de l'empereur, le mois de vend[émiair]e compte pr nous pr une campagne. » – Spitz, sur le Danube, près de Dürnstein, 23 brumaire an XIV [14 novembre 1805] : « ... AVANT-HIER, NOUS AVONS ENFIN RENCONTRÉ LES RUSSES [À LA BATAILLE DE DÜRNSTEIN], NOUS NOUS SOMMES DONNÉS UNE PEIGNÉE VIGOUREUSE AVEC EUX. ILS SONT TRÈS BRAVES, MAIS MALGRÉ CELA NOUS SOMMES RESTÉS MAÎTRE DU CHAMP DE BATAILLE. NOUS ALLONS ENCORE LES SUIVRE ET JE NE VOIS PAS DE RAISONS, SI ILS FONT TOUJOURS RETRAITE POUR QUE NOUS N' AILLONS PAS EN RUSSIE. Nous nous portons tous bien, j'ai seulement un rhum violent, mais j'espère qu'il passera, la seule crainte que nous ayons, c'est de mourir de faim car le pays est entièrement pillée. Il fait depuis un mois ou un froid excessif ou une pluye affreuse, aussy nous sommes faits comme des diables et tous nos habits sont usés et sales à faire