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En mai 1808 une lettre de service détache le nouvel aide de camp en Catalogne, pour une mission de « maintien de l’ordre ». Comme certains de ses descendants le découvriront plus tard en Algérie, Honoré ignore alors que sous ce terme « politiquement correct » couvent souvent les feux d’une guerre interminable… Avant eux, il découvre la « guérilla » et l’escalade de la terreur qui s’ensuit. Mais l’empereur le rappelle bientôt pour une nouvelle campagne en Allemagne. A Wagram, il lui confie le commandement envié de la prestigieuse formation des Fusiliers Chasseurs de la Jeune Garde. Il l’en détache au cours de la bataille, le temps de « suppléer au besoin » Masséna, qu’une malencontreuse chute de cheval contraint de mener ses troupes à la victoire… en calèche ! Après une mission d’information à Anvers où les agissements de Bernadotte face à la menace d’un débarquement anglais l’intriguent, l’empereur lui confie le commandement du 1er Corps de l’armée du Nord. Mais Honoré demande alors un congé « afin de régler quelques affaires personnelles à Paris, où depuis cinq ans il n’a pas passé plus de vingt jours » ! En mai 1810, il est nommé gouverneur de la Navarre. A la tête de l’armée de l’Ebre, il est, en 1812, gouverneur de l’Aragon, avant de commander, brièvement, l’armée du Portugal. A la bataille de Vitoria, il sauve l’honneur lors de la retraite précipitée du roi Joseph, en résistant avec 10.000 hommes aux 25.000 anglais du général Graham. Pour les observateurs de son temps, « le général Comte Reille, n’ayant alors que 35 ans, avait acquis de grands talents à l’école de son futur beau-père, le maréchal Masséna, et passait, à juste titre, pour un des meilleurs généraux de l’Empire » (Comte d’Espinchal). L’abdication de l’empereur en mai 1814 le surprend à Toulouse, où il résiste toujours aux forces de Wellington, au côté de Soult. Alléguant sa « présence aux armées d’Espagne depuis quatre ans », il sollicite un congé. Les canons se sont tus, enfin, place aux violons : le 8 septembre 1814, Honoré épouse sa voisine de jeunesse, Victorine-Thècle Masséna. Son ancien mentor exulte, « il a raison de m’appeler son père, j’en ai pour lui tous les sentiments », écrit-il à sa fille. Mais l’ultime campagne de l’empereur l’arrache bientôt aux douceurs de son nouveau foyer. Dès son retour aux Tuileries, il lui confie le commandement du 2ème corps, l’un des cinq qu’il crée à la veille des Cent Jours, le 16 juin, aux Quatre-Bras, « les héroïques efforts du 2ème Corps contre des forces triples des siennes empêchent la jonction des Anglais avec les Prussiens…Considérées isolément, l’affaire des Quatre-Bras est un fait d’armes admirable » (Henry Houssaye). Mais le 18 juin, le désastre de Waterloo sonne le glas de l’épopée. Ce matin-là, l’empereur avait placé son jeune frère, le roi Jérôme, sous l’autorité de Reille. Celui-ci ignorait qu’au cours des combats de la Libération en 1944, le Prince Louis Napoléon, alias Louis Blanchard à la Légion, et arrière-arrière petit-fils de Jérôme serait pareillement confié à l’un de ses descendants responsable d’un maquis dans l’Indre, le capitaine Jean Reille, mon père.
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