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Avec les débris de l’armée du Nord, Honoré fait retraite sur la Loire, chasse à Chambord et à Cheverny, mais s’ennuie loin de Victorine en attente d’un enfant. Il rentre à Paris, à temps pour y fêter ses quarante ans auprès d’elle et d’André, leur nouveau né. Pour ce jeune vétéran, est venu le temps des honneurs et des sinécures. Le Lieutenant Général Comte Reille est nommé inspecteur général de l’Infanterie et fait Grand-Croix de la Légion d’Honneur par Louis XVIII, Pair de France, gentilhomme de la chambre et chevalier de l’ordre séculaire du Saint-Esprit par Charles X. Le bâton du maréchalat lui est remis, enfin, par le roi Louis-Philippe, en 1847. Ses agendas témoignent de la constante faveur des Tuileries, où le « dernier des Mohicans » sera, pour finir, introduit auprès de l’empereur Napoléon III par son propre fils, le général André Reille, devenu à son tour, aide de camp de Sa Majesté. Bel esprit de famille, non ? Il est aussi le premier « officier général ayant exercé un commandement en chef face à l’ennemi » à recevoir, avec le maréchal Vaillant, la Médaille Militaire nouvellement créée. Dans le Dunois, il goûte au calme de ses chers Coudreaux, superbe domaine acheté à la veuve de Ney ; il y ajoute le château de Baudry, « le Versailles de la Touraine du nord », acheté à son beau-frère Masséna. Il porte une fière attention aux carrières de ses trois fils : à celle très en vue de l’aîné, s’ajoute le siège de député du cadet, Gustave, polytechnicien et ancien marin, et les débuts prometteurs de René, brillant major de St-Cyr, qui épousera Geneviève Soult, petite fille du maréchal, quelques mois seulement après le décès de son père. Celui-ci s’éteint le 4 mars 1860, entouré de ses fils, en son domicile parisien, l’ancien hôtel Kinsky récemment cédé par l’Etat au Qatar. Après des funérailles aux Invalides où se pressent la cour et la ville, la dépouille de l’apprenti maçon et Maître du Grand Orient de Livourne reçoit l’absoute du cardinal archevêque de Paris, puis est acheminée vers le PèreLachaise. Depuis trois ans, Victorine l’y attend aux côtés de son père dans le « carré des maréchaux », avec Ney pour plus proche voisin. De tous les hommages qui lui sont alors rendus, celui de ses anciens adversaires publié dans le Times, est le plus éloquent : « The old soldier of the Empire, full of years and honnor…From the year 1792 to the year 1815, he can be traced from place to place, always in post of danger, usually in one of trust. Ha had contributed to the glories of France... The truth is, that was an age of heroes in very deed, of mighty combats and military giants. » Aujourd’hui, le temps est venu de confier ses souvenirs les plus marquants entre les mains d’amateurs également passionnés, plutôt que de les condamner à l’oubli dans quelque malle familiale. Puissent-ils continuer d’y entretenir la mémoire d’un gamin parti crânement, comme tant d’autres, sur les sentiers de la gloire, « l’âme sans épouvante et les pieds sans souliers » (Hugo). Conservés jusqu'ici avec ceux du maréchal Reille, quelques souvenirs d'André, son fils aîné, l’autre « aide de camp de S.M. », ne pouvaient aujourd’hui en être séparés.
Comte Reille
Octobre 2015
Dimanche 15 Novembre 2015/ OSENAT / 227