references
Plafond de la chambre (Thiollet et Roux, pl.30)
Lit de Mme Talma (Thiollet et Roux, pl.16)
En 1824, Mlle Mars achète à cet endroit pour 100.000 francs l’hôtel du Maréchal Gouvion Saint-Cyr conçu par l’architecte Louis Visconti. Dès 1821 ce dernier termine l’aménagement intérieur et la décoration entre 1824 et 1826. L’hôtel possède une façade ornée au rez-de–chaussée de deux têtes de lion dans des médaillons et aux étages de baies arrondies, la corniche supporte quatre vases, le jardin est orné d’une fontaine ; le plan révèle un salon avec des loges vitrées donnant sur le jardin et le centre du bâtiment contient une salle de billard couverte en Atrium au décor néo-classique. La chambre, au premier étage, donne sur une terrasse couverte. Quelques éléments décoratifs et meubles de cette chambre sont reproduits dans le « Recueil de Menuiserie » de Thiollet et Roux (5) : tenture scandée par des pilastres, plafond à décor pompéien, lampe en albâtre. Depuis la fin du XVIIIe siècle, les pièces de la vie intime sont particulièrement représentatives du style d’une époque. Cette chambre est vraisemblablement celle du fils de mademoiselle Mars et la maîtresse de maison y a apporté une attention particulière et souhaite faire admirer le goût dont elle a fait preuve dans le choix de sa décoration intérieure et de son ameublement le plus souvent confié à « l’ébéniste à la mode ». Sous le Consulat, la chambre de Mme Récamier à l’hôtel Necker rue du Mont Blanc décorée par l’architecte Berthault aujourd’hui conservée au Musée du Louvre (1798) (6) et celle de la Générale Moreau dans son l’hôtel de la rue d’Anjou à Paris (1797-1802) (7) aujourd’hui au Palais de Fontainebleau en attestent. L’hôtel de Mlle Mars est d’ailleurs tellement renommé pour son luxe et sa décoration que des étrangers demandent à le visiter : en 1827, le Comte Rodolphe Apponyi, cousin de l’ambassadeur d’Autriche, sollicite un billet d’entrée ; il est reçu quelques jours plus tard (8). Le mobilier que nous présentons se compose d’un lit, une commode à vantaux, des fauteuils, des chaises et un meuble de toilette.Une cheminée en marbre rouge avec des appliques en bronze doré complète cet ensemble. Le lit de forme antiquisante, à chevets inégaux, et rehaussé sur une estrade, présente de grandes similitudes avec celui de la chambre de Mme Talma (résidant au n°9 de la même rue) exécuté une année plus tôt en 1825 par le même ébéniste Benard et aujourd’hui conservé au musée Gulbenkian à Lisbonne (9). Il possède un décor identique de plaques en porcelaines ornées des muses du théâtre antique et le même décor de bronzes. La gravure de ce lit est reproduite dans le « Recueil de menuiserie » de Thiollet et Roux. A la suite du vol de ses bijoux en 1838, Mlle Mars décide de vendre l’hôtel de la Tour-des-Dames au comte de Sassenay pour s’installer rue de Rivoli puis rue Lavoisier. Il devient ensuite la propriété du prince de Wagram. Joseph-Marie Benard, ébéniste sous la Restauration, est primé à l’Exposition des Produits de l’Industrie en 1823 pour des « meubles en bois indigènes et richement décorés » dont il s’est fait une spécialité. Il travaille pendant quelques années avec son frère sous la raison sociale « Bénard Frères » et fait faillite en 1823 puis en 1829. (1) Nous remercions Monsieur Jean-Dominique Augarde de nous avoir transmis cette précision. Il publiera prochainement une communication sur la chambre de Mademoiselle Mars dont le mobilier était de bois clair. Il est vraisemblable que le mobilier que nous vous présentons ait été celui de la chambre de son fils. (2) « Mademoiselle Mars l’inimitable » par Micheline Boudet, Perrin Paris 1987. (3) « Confidences de Mlle Mars recueillies par Mme Roger de Beauvoir » Michel Lévy frères Paris 1975. (4) « Visconti 1791-1853 Action Artistique de la Ville de Paris », 1991 p.191 (5) « Nouveau Recueil de Menuiserie et