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La redécouverte d’un chef d’oeuvre
20. Joseph Marie VIEN (Montpellier 1716 - Paris 1809)
Prêtresse brodant pour l’ornement d’un temple toile ovale 57 x 46 cm signée à gauche : jo m vien
20 000 / 30 000 €
Provenance : Collection particulière, Madame de L., Paris Bibliographie : thomas gaehtgens, Jacques Lugand, Joseph-Marie Vien 1716-1809, Paris, éditions arthena, 1988, p.156, n°116 (comme œuvre disparue). Cette composition jusqu’ici perdue, mais bien documentée, était connue par un dessin préparatoire à la sanguine (15,5 sur 12,8 cm ; gaehtgens, op cit., p. 241, n°70) et une petite esquisse à l’huile sur carton (13 x 11 cm, op. cit., p.156), tous deux conservés au musée des Beaux-arts de Béziers. au salon de 1755, trois œuvres de Vien étaient réunies sous le numéro 39 et ainsi décrites : « trois tableaux, ovales, de 2 pieds de haut, sous le même n° ; l’un représente le Buste d’une Vestale couronnée de Roses ; l’autre, une Prêtresse qui fait une Couronne de Fleurs, & le troisième une autre Prêtresse brodant pour l’ornement d’un temple ». Notre toile est probablement la dernière citée. Celle-ci et l’antépénultième (non localisée depuis 1911) avaient été commandées (selon gaehtgens, op. cit., p.156) par Madame geoffrin, et payées chacune 400 livres. Certains commentateurs et visiteurs du salon de 1755 ont noté qu’ils pourraient s’agir de dessus-de-porte ; d’autres se sont demandé si l’aspect un peu mat ne venait pas de l’emploi de peintures à l’encaustique (pour tous ces développements, voir op. cit.). a cette date, Vien est un artiste recherché, célèbre pour ses peintures religieuses et mythologiques. a 40 ans, il vient de se marier et il va remettre en question le cours de la peinture française. Il appartenait au cercle de philosophes, d’intellectuels, de nobles éclairés, comme le Comte de Caylus, se réunissant chez Madame geoffrin, célèbre femme de lettres qui a financé la publication de l’Encyclopédie. tous étaient réunis par un intérêt nouveau pour l’antiquité, au moment où l’on redécouvre Pompéi, et par une volonté de retour à une certaine sobriété, opposés à la mode rocaille. D’où la simplicité de la tunique qui détermine ici le sujet romain de ce tableau et de son pendant, sans autre élément typiquement antique. stylistiquement, notre toile se situe au début du style néo-grec, prenant pour modèle guido Reni et Pompeo Batoni, et non plus Boucher ou van Loo. L’année suivante, en 1756, le peintre a réalisé pour la même mécène la «Douce Mélancolie » (Cleveland), puis en 1762-1763 les Prêtresses représentant les quatre saisons (collections particulières), qui constituent des jalons essentiels du néoclassicisme. On remarquera que la subtile nature morte, presque abstraite, de pelotes de fils en couleur à droite n’est pas sans rappeler celle au centre du Brutus (Louvre) de Jacques-Louis David, le plus célèbre élève de Vien. Expert : Cabinet turquin
Dimanche 27 novembre 2016 / OsENat / 9