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ENSOR (James). manuscrit d'ostende et ses couleurs. Ostende, août 1931. Manuscrit autographe signé «James Ensor» à trois reprises, de 26 pages in-8. Encre noire ou bleue. Titre au verso du dernier feuillet au crayon. Nombreux passages biffés, ajouts et corrections, à l’encre et au crayon à papier. Annotations et pagination postérieures. Précieux manuscrit autographe signé du singulier discours que James ensor prononça au Kursaal d’ostende, en 1931. Manuscrit de travail composé de plusieurs parties et de nombreux sujets, par saut et à gambade : Ensor, espiègle et volubile évoque « Les vieux », « Les musiciens essoufflés », ses contemporains, la peinture, Léopold II de Belgique, ses expositions, il lance une fantasque et excentrique diatribe conte la vivisection, déclame une ode à la ville d’Ostende et disserte longuement au sujet des couleurs : « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Le distingué critique, écrivain compréhensif, le maître causeur, André Salmon venu du grand Paris a loué mes œuvres il a fixé analysé avec finesse et thermométriquement, mes disproportions, signalée les petits fruits confits de mes recherches, développé mes saillies picturales et autres. Il a tout dit. 102 Enfin, voici en personne en chair et en os, en peau de chagrin et en poisson d’Ostende le peintre des masques de la mer. Excusez moi, je parle en lisant mes papiers à la façon des ministres en vacance ou des maréchaux de France. Vous vous direz suivant les échos : ce vieux peintre nous inquiète, il caracole, voltige, papillonne, moucheronne, il décoche à toutes les adresses des traits piquants, mordants, il est malicieux, batifolant, miaulant, assez malfaisant, satyrisant à l’occasion. Il a soufflé chaud ou froid au nez du paysan ainsi dit la légende. Hé bien ! Je n’aime guère le vieux qui remue, un vieux repu, trippu, arlequiné de célinité, cousu des fils de l’arthritisme, affligé de fois gras, bourré de céléris, farci de gingembre et d’écrevisses échauffé. […] Oui, Madame couleur est l’amie du vraie peintre elle explique toutes mes évolutions, changements de facture, et l’on disait au bon vieux temps Ensor change de manière comme de chemise. Alors, j’ai envié l’endurance d’Isabelle l’inspiratrice de nos maîtres flamands oui nos coloristes modernes en dépit du temps ressentent l’influence de l’amie de Rubens. Moi je préfère les roses et leur gamme de pureté. Peinture dit couleur et je prise moins la ligne figée, la langue morte, la fadeur grise, les tons défraichis des peintres ouistitis. Mais je compose mes couleurs au temps clair, œil ouvert, regard fier, main levée, palette chargée, tubes en crevaison, brosse en bataille. Mesdames les couleurs mal placées se disputent à outrance,