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Sanyu
La virtuosité de Sanyu se manifeste dans l’habile et prodigieuse application de l’aquarelle sur le support, jouant sur la dilution inégale des pigments, engendrant par endroits d’évanescentes nuances. La Femme en jaune dévoile l’un des sujets centraux de l’œuvre de Sanyu : la représentation de la femme, qu’il s’est plu à figurer nue ou habillée, dans des positions parfois fort audacieuses. Le style calligraphique utilisé ici rappelle la tradition artistique chinoise et la science de consacrer une importance égale aux pleins et aux vides, au dessin et au papier laissé en réserve. Entre modernisme occidental et empreinte asiatique profonde, Sanyu a su renouveler la représentation de la femme en lui conférant l’élégance du dépouillement et de la simplicité.
Sanyu est né en 1901 d’une famille possédant la plus importante soierie de la province du Sichuan. Montrant des prédispositions précoces pour les arts plastiques, encouragé par son entourage, il apprend la calligraphie avec Zhao Xi et la peinture auprès de son père. Après des études à l’université de Shanghai, Sanyu découvre le Japon lors d’un voyage en 1919, ainsi que la France où il décide de s’installer. Demeurant dans le quartier de Montparnasse à partir de 1923, il côtoie les protagonistes de l’avant-garde, les membres de l’Ecole de Paris et fréquente l’Académie de la Grande Chaumière où il parfait sa formation. Sanyu, qui fait partie de la première génération de peintres chinois investissant la scène artistique française, s’imprègne profondément de la culture occidentale et choisit de résider sa vie durant dans la Ville Lumière – contrairement à certains de ses compatriotes, à l’instar de Lin Fengmian. L’œuvre de Sanyu s’impose comme un mélange raffiné entre références à sa culture natale et emprunts à l’art moderne occidental. L’esthétique de l’épuration qu’il y développe évoque la manière de certains des protagonistes de l’Ecole de Paris, à l’image de Brancusi ou de Modigliani. Comme lui, le peintre chinois procède à une stylisation poussée des lignes et à des déformations anatomiques qui rappellent le singulier maniérisme modiglianien. L’isolation récurrente de motifs sur la toile ou le papier éveille quant à elle, sous la forme d’une réminiscence lointaine, le souvenir des créations de Ba Da Shan Ren, artiste-calligraphe du XVIIe siècle auquel Sanyu voue une admiration sans borne. La Femme en jaune que nous présentons illustre la manière caractéristique du peintre. Assise à même le sol, le modèle investit de sa silhouette l’espace vide de la feuille de papier, dont elle est la seule habitante. Le personnage n’est pourtant esquissé qu’avec une grande économie de moyens, de rares lignes, quelques couleurs, réduites au bistre-brun de la chevelure, au rose de son épiderme, au jaune de sa robe. Un noir profond structure sobrement la composition grâce à l’agencement de traits élégants et sinueux sur le papier. La volupté du corps féminin est évoquée par le choix d’un canon charnu, aux formes rondes et généreuses.
Sanyu was born in 1901, to a family that owned the largest silk business in Sichuan province. Already displaying talent for the plastic arts at a young age and encouraged by those close to him, he learned calligraphy from Zhao Xi and painting from his father. After his studies at the University of Shanghai, Sanyu discovered Japan on a trip in 1919, as well as France, where he decided to settle. Living in the Montparnasse neighborhood as of 1923, he met figures from the avant-garde, artists of the School of Paris, and attended the Académie de la Grande Chaumiere, where he completed his training. Sanyu, among the first generation of Chinese painters to join the French art scene, became deeply inspired by western culture and spent his life in the City of Light - unlike some of his fellow countrymen, such as Lin Fengmian. The subtle blend of allusions to his native culture and influences of