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Fernand Léger
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Fernand Léger nait en 1881 en Normandie. Débutant son apprentissage dans un cabinet d’architecture à Caen, il intègre l’Ecole des Arts décoratifs de Paris en 1900 et fréquente, comme élève libre, l’atelier de Jean-Léon Gérôme et de Gabriel Ferrier. Ses œuvres de jeunesses, qui révèlent déjà un talent hors pair, sont marquées par l’impressionnisme, devenu nouvel académisme au début du XXe siècle. Lors du Salon d’automne de 1907, il découvre Paul Cézanne dont l’œuvre fait l’objet d’une rétrospectivehommage ainsi que le cubisme de Braque et de Picasso auquel il va emprunter un certain nombre de préceptes esthétiques et conceptuels. A cette même époque, Fernand Léger s’installe à la Ruche et fréquente Modigliani ou encore Brancusi. Sa production sera marquée de manière plus durable que celle de ses camarades cubistes par la leçon cézanienne, qu’il appliquera pratiquement à la lettre. La géométrie accusée de ses compositions, mêlée à un goût évident pour la simplification et une épuration rigoureuse, font de l’art de Léger la manifestation brillante du style unique et personnel qui a fait sa renommée internationale. Après la Première Guerre mondiale, fasciné par les progrès technologiques dans les domaines de l’industrie et des transports, Fernand Léger effectue une série d’œuvres comprenant des éléments mécaniques afin de représenter des sujets de la vie moderne. Pour l’artiste, ces composants mécaniques participent de la constitution d’une nouvelle esthétique de la beauté moderne. Notre aquarelle, intitulée Dans l’usine, a été réalisée en décembre 1918. Elle constitue un travail préparatoire – ou une variation – relative à l’élaboration d’une série d’œuvres reprenant le même titre, et doit être rapprochée des variations exécutées sous le nom Le Moteur, à la même période. L’élaboration de séries, courante chez Léger à cette époque, doit être mise dans la perspective de l’éclosion d’un nouveau rapport au réalisme – saisir l’intégrité et l’intégralité d’un objet sur un support en deux dimensions grâce à la multiplication des images et des interprétations qu’il en donne. Caractéristique des débuts de la période « mécanique » de Léger, Dans l’usine propose une appréciation personnelle de la vision qu’il se fait de la machine ; géométrique, dynamique, fragmentée, colorée et aux propriétés éminemment esthétiques, l’étude de ce motif aboutit à la création d’une œuvre aux frontières de l’abstraction.
La réalisation des Usines et des variantes sur Le Moteur coïncide avec la collaboration de Léger avec l’amateur, collectionneur et marchand d’art Léonce Rosenberg. Ce dernier ouvre, après la Première Guerre mondiale, une galerie dans son hôtel particulier parisien, « L’Effort moderne » – ou Galerie Léonce Rosenberg – dans laquelle il organise une série d’expositions consacrées à des artistes cubistes. L’œuvre de Fernand Léger y est présentée en février 1918, quelques mois seulement après la réalisation de notre aquarelle, qui figure à la vente sous le n°48, au prix de 200 fr.
© DR Facture d'achat, Galerie l'Effort Moderne, 17 Janvier 1919, Fonds archive Léonce Rosenberg
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