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167 Rare lit ou banquette d'alcôve
en hêtre très richement sculpté et doré. Le dosseret à décor sur deux faces d'un cartouche orné en plein d'une gerbe de fleurs. Il est souligné par deux larges volutes d'où émanent des feuillages. Les côtés légèrement évasés, sont soulignés de palmes grimpantes. Chutes à cartouche et coquille stylisée. Pieds cambrés à enroulement et agrafe. Les long pans à baguette rubanée Estampille de N. HEURTAUT apocryphe Epoque Louis XV Belle garniture en soie Parme à décor de bandes alternées de fleurs et feuillages
H : 117 - L : 212 - P : 117 cm
N
20 000 / 25 000 €
icolas Heurtaut (1720-1771) se distingue de ses confrères menuisiers parisiens par la première phase de sa carrière, entre 1742-1753, au cours de laquelle il fut reçu maître sculpteur à l'Académie de Saint Luc et travailla pendant cette dizaine d'années pour quelquesuns des plus importants artisans en sièges de la capitale, notamment Jean-Baptiste Tilliard et Jean Séné, dit Séné le père. Il garda de cette époque le goût pour l'équilibre des proportions et la puissance de la sculpture, caractéristiques qui allaient fortement influencer la suite de sa carrière à partir de sa seconde accession à une maîtrise, mais cette fois de menuisier, le 22 août 1753. Dès cette époque, il installa son atelier rue de Bourbon et exerça indifféremment en tant que menuisier et sculpteur ; cette particularité lui permettant de menuiser et de sculpter intégralement ses sièges. Rapidement, il développa un esprit en réaction aux modèles rocaille antérieurs et démontra un avant-gardisme dans la composition de ses sièges, particcccipant ainsi au retour du classicisme dans la menuiserie de l'époque. Sa grande notoriété ne lui permit pas d'obtenir des livraisons pour la Couronne, peut-être à cause de son côté
trop novateur, par contre cela attira quelques-uns des plus grands amateurs du temps, notamment Jean-Nicolas de Boullongne, le duc de Gesvres, le marquis de Senlis, le comte de Jaucourt et surtout la comtesse de Séran. Cette dernière personnalité est particulièrement intéressante car elle commanda de nombreux sièges à Nicolas Heurtaut pour son château de la Tour en Normandie qui présentent les similitudes les plus marquées avec le décor sculpté du lit d'alcôve présenté : proportions parfaites, coquilles enserrées dans des doubles C et branches de palmier, motifs excessivement rares dans l'œuvre du menuisier. De ce mobilier sont connus notamment : une suite de six fauteuils à châssis conservée au Musée national du château de Versailles (voir Bill G.B. Pallot, L'art du siège au XVIIIe siècle en France, Paris, 1987, p.249), une paire de fauteuils, non estampillée, conservée dans une collection privée espagnole, une paire de canapés (illustrés dans Bill G.B. Pallot, op.cit., Paris, 1987, p.247) et un grand lit « à la polonaise » conservé au château de Versailles (illustré dans P. Arizzoli-Clémentel, Le mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, Tome 2, Dijon, 2002, p.195, catalogue n°66).